Le découvert autorisé est un outil de gestion de trésorerie pour les professionnels. Cette facilité bancaire permet de faire face aux décalages temporaires entre encaissements et décaissements. Avant de le mettre en place, il est nécessaire d'évaluer ses besoins et de comprendre les conditions associées.
Les avantages d'un découvert autorisé
Le découvert autorisé représente un outil financier précieux pour les entrepreneurs, permettant une gestion plus souple de leur trésorerie professionnelle. Cette facilité bancaire offre plusieurs bénéfices tangibles qui méritent d'être examinés en détail.
Une relation bancaire transparente
L'établissement d'un découvert autorisé démontre une volonté de transparence envers sa banque. En négociant à l'avance les conditions d'un solde négatif, l'entrepreneur prouve sa capacité à anticiper ses besoins de trésorerie et à gérer son activité de manière responsable. Les études montrent que 78% des banquiers considèrent cette démarche comme un signal positif dans l'évaluation globale d'un client professionnel.
Une réduction substantielle des coûts bancaires
Le découvert autorisé permet d'éviter les frais excessifs liés aux incidents de paiement. À titre d'exemple, un rejet de prélèvement peut coûter entre 20€ et 50€, tandis que les agios d'un découvert autorisé s'élèvent généralement à 8-12% par an. Pour une entreprise avec un découvert moyen de 5 000€ sur 15 jours par mois, l'économie annuelle peut atteindre 1 200€.
Protection contre les pénalités administratives
Cette facilité bancaire protège également contre les majorations de retard appliquées par les organismes sociaux et fiscaux. Les pénalités URSSAF peuvent atteindre 5% du montant dû, auxquelles s'ajoutent des majorations mensuelles de 0,4%.
Un outil de financement du BFR
Le découvert autorisé constitue un moyen efficace de financer temporairement son besoin en fonds de roulement. Pour une entreprise réalisant 500 000€ de chiffre d'affaires annuel, un découvert autorisé de 25 000€ (soit 5% du CA) permet de couvrir les décalages de trésorerie liés aux délais de paiement clients qui peuvent s'étendre jusqu'à 60 jours.
Les risques à prendre en compte
Le recours au découvert autorisé comporte plusieurs risques qu'il est nécessaire d'analyser avant de s'engager dans cette forme de financement bancaire à court terme. Les conditions tarifaires et les modalités d'utilisation peuvent rapidement alourdir les charges financières de l'entreprise.
Des frais bancaires conséquents
Le découvert autorisé génère systématiquement des agios, calculés quotidiennement sur le montant utilisé. Le taux d'intérêt débiteur varie selon les établissements, mais se situe généralement entre 8% et 14% par an. À cela s'ajoutent des commissions trimestrielles sur le plus fort découvert, représentant 0,05% à 0,25% du montant maximum utilisé sur la période.
Type de frais |
Montant moyen |
Taux d'intérêt débiteur |
8% à 14% par an |
Commission trimestrielle |
0,05% à 0,25% |
Frais de dossier |
50€ à 150€ |
Le danger de l'engrenage financier
L'utilisation régulière du découvert peut masquer des problèmes structurels de trésorerie. Les frais bancaires viennent alors grever davantage la situation financière, créant un cercle vicieux. Une entreprise qui utilise son découvert de manière permanente voit ses marges diminuer progressivement du fait des agios.
Exemple chiffré sur 12 mois
Pour un découvert moyen de 10 000€ utilisé en permanence :
- Agios annuels : 800€ à 1 400€
- Commissions trimestrielles : 20€ à 100€
- Total des frais : 820€ à 1 500€ par an
La dégradation de la relation bancaire
Un usage intensif du découvert autorisé peut détériorer la relation avec la banque. Les établissements bancaires surveillent attentivement les comptes présentant des découverts fréquents, ce qui peut compromettre l'obtention de futurs financements. La banque pourrait également décider de réduire ou supprimer l'autorisation de découvert en cas d'utilisation excessive.
Comment négocier un découvert autorisé
La négociation d'un découvert autorisé avec sa banque nécessite une préparation minutieuse et une bonne compréhension des paramètres à discuter. Pour maximiser vos chances d'obtenir des conditions favorables, il est indispensable de maîtriser les différents aspects de cette démarche.
Préparer son dossier avant la négociation
Avant de rencontrer votre banquier, rassemblez les documents financiers qui démontrent la santé de votre entreprise :
- Les 3 derniers bilans comptables
- Un prévisionnel de trésorerie sur 12 mois
- Les derniers relevés bancaires
- Le carnet de commandes en cours
- Les contrats commerciaux signés
Les points à négocier
Le montant du découvert
Calculez précisément vos besoins en fonction de votre cycle d'exploitation. La demande doit correspondre à un besoin réel, généralement entre 5% et 15% de votre chiffre d'affaires annuel selon votre secteur d'activité.
La durée de validité
Négociez une durée adaptée à votre activité. Pour une entreprise avec une activité saisonnière, privilégiez une autorisation sur 12 mois. Pour des besoins ponctuels, une durée de 3 à 6 mois peut suffire.
Les conditions tarifaires
Trois éléments sont négociables :
- Le taux d'intérêt débiteur (généralement entre 5% et 12%)
- La commission du plus fort découvert (entre 0,05% et 0,15%)
- Les frais de dossier (variables selon les établissements)
Argumenter sa demande
Mettez en avant les éléments qui renforcent votre dossier : l'historique de votre relation bancaire, la régularité de vos mouvements créditeurs, vos perspectives de développement. Présentez le découvert comme un outil de gestion plutôt qu'une solution de dernier recours.
Les critères qui influencent l'accord d'un découvert
L'obtention d'un découvert autorisé pour un compte professionnel dépend de plusieurs variables que les établissements bancaires analysent minutieusement. Les banques évaluent le profil global de l'entreprise avant d'accorder cette facilité de trésorerie.
Les principaux critères d'évaluation
Les banques examinent d'abord la structure juridique et l'ancienneté de l'entreprise. Une SARL ou SAS de plus de 3 ans aura plus de chances d'obtenir un découvert conséquent qu'une entreprise individuelle récente. Le secteur d'activité entre aussi en compte, certains domaines étant perçus comme plus risqués.
Structure juridique |
Ancienneté minimum recommandée |
Plafond moyen de découvert |
SARL/SAS |
3 ans |
10-15% du CA annuel |
Entreprise individuelle |
2 ans |
5-10% du CA annuel |
L'historique bancaire et financier
La gestion passée du compte professionnel constitue un indicateur majeur. Les banques observent :
- Les mouvements créditeurs mensuels moyens
- La fréquence des incidents de paiement
- Les dépassements de découvert précédents
- La régularité des dépôts
Les indicateurs économiques
Le chiffre d'affaires et sa progression sur les trois derniers exercices déterminent la capacité de remboursement. Les banques étudient également le bilan, le compte de résultat et les ratios financiers comme le besoin en fonds de roulement. Un prévisionnel de trésorerie solide renforce le dossier.
Les taux d'agios varient selon le profil de risque, entre 5% et 14% en moyenne. Plus l'entreprise présente des garanties, plus le taux sera avantageux.Source : Fédération bancaire française
Les alternatives au découvert autorisé
Face aux contraintes du découvert autorisé et ses coûts parfois élevés, plusieurs alternatives permettent aux entrepreneurs de gérer leur trésorerie de manière plus adaptée à leurs besoins.
Les financements bancaires traditionnels
Le crédit de trésorerie représente une option intéressante pour les besoins ponctuels. D'une durée de 3 à 24 mois, il permet d'obtenir une somme fixe remboursable selon un échéancier défini. Les taux d'intérêt, entre 2% et 5%, sont généralement plus avantageux que ceux du découvert autorisé qui peuvent atteindre 12%.
L'affacturage constitue également une alternative pertinente. Cette technique consiste à céder ses créances clients à un établissement financier qui verse immédiatement 80% à 90% de leur montant. Le coût varie entre 1% et 3% du montant des factures cédées.
Les solutions de financement participatif
Le crowdfunding permet de lever des fonds auprès de particuliers, avec des taux compris entre 4% et 8%. Cette option convient particulièrement aux TPE/PME ayant un projet de développement à financer.
L'optimisation de la gestion de trésorerie
La négociation des délais de paiement avec les fournisseurs et clients reste un levier majeur. Un allongement de 30 à 60 jours des délais fournisseurs, combiné à une réduction des délais clients, peut libérer une trésorerie substantielle.
La mise en place d'outils de prévision de trésorerie permet d'anticiper les besoins et d'agir en amont. Des logiciels dédiés facilitent le suivi des encaissements et décaissements, avec des tableaux de bord automatisés.
Les alternatives au découvert doivent s'inscrire dans une démarche globale de gestion financière. Chaque entreprise doit choisir les instruments les mieux adaptés à son cycle d'exploitation.
Marie Dupont, Expert-comptable